
Aujourd’hui, je n’ai pas envie de dire au revoir à 2018 mais plutôt à 2015. Terrible 2015. Cette année où j’ai perdu toutes ces choses qui comptaient pour moi. Après un incendie en début d’année que j’ai toujours pensé et que je pense toujours de ma faute. Incendie, qui m’a fait culpabiliser un peu plus à chaque fois que les gens aimaient raconter une rumeur souvent jamais vraiment fondée. Après de nombreuses déceptions de personnes en qui j’avais confiance. Après le décès de la personne avec qui j’arrivais à me laisser vraiment aller. Je le sens, je le sais ; je suis prête à lui dire au revoir à 2015. Mais avant, je dois laisser comme une trace sur le papier parce que quand j’y pense j’ai la gorge qui se noue. Comme ci, je n’avais pas vraiment été sincère sur cette année. Comme ci, il y avait des choses que je n’avais pas encore dites.
Maintenant, pour ce 1er janvier 2019, je ne veux pas vous raconter une histoire. Non, je voudrais essayer de vous mettre à ma place. Alors, je vais vous le répétez « imaginez-vous » et je voudrais que vous le fassiez. Pourquoi ? Parce que beaucoup ont cru me comprendre, nous comprendre. Mais le comprendre sans l’avoir imaginé ; je n’y crois pas. Je ne vais pas en rajouter, je vais l’écrire comme ça me vient, comme je vous l’aurais dit. Je ne veux pas l’enjoliver, le rendre plus beau ou pire que ça ne l’a été. Je veux juste le décrire comme je l’ai ressentis.
Alors pour commencer, imaginez-vous avoir le cœur pincé parce que c’est ce que je ressens encore quand j’écris ces lignes.
Imaginez-vous, un appel manqué de votre mère et sans l’avoir eue au téléphone vous savez déjà que quelque chose cloche. Imaginez-vous apprendre qu’un feu s’est déclaré chez vous et que la première chose à laquelle vous pensez, c'est que ce soit que c’est une blague. Imaginez-vous vous tirer les cheveux et tous ces curieux qui vous observent, qui cherchent à savoir. Et que la seule personne que vous voulez avoir auprès de vous à ce moment précis c’est votre meilleure copine d’enfance. Mais malheureusement, vous êtes accompagnés – vous le savez – par des personnes qui ne sont pas si bienveillantes que ça et qui pleurent comme pour rendre l’histoire encore plus tragique.
Imaginez vous attendre que votre mère arrive et trouver le temps si long en repensant à toutes ces choses qui se trouvaient dans votre maison et que vous ne pourrez plus avoir entre les mains. Imaginez vous arriver chez vous accompagner par les lumières et les camions de pompiers. Voir vos voisins qui n’ont rien fait alors que vous le savez : ils l’ont entendus ; l’alarme incendie. Imaginez-vous rentrer et découvrir les dégâts que vous vous dites avoir commis. Sentez là cette odeur de fumée qui vous reviendra encore longtemps après.
Imaginez-vous monter les escaliers qui mènent à votre chambre. Il fait si chaud. Vous rentrez ; il ne reste plus rien. Tout est noir, tout est fondu, tout suinte. Vos souvenirs, vos photos, tout a disparu. Et à la place de votre lit : un trou béant. Vous entendez votre père vous dire de prendre quelques affaires. Oui papa mais, quoi ? Attraper ce livre qui est resté sur votre bureau et qui ne semble pas être en mauvais état, cette boîte dans laquelle vous gardez les souvenirs de votre premier amour et votre disque dur (même si vous n’y croyez pas trop). Vous ouvrez votre placard, une bouffée d’air chaud s’y échappe. Vous vous y voyez dans le miroir et vous pleurez. Vous vous dites « C’est de ma faute. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? ». Vous le refermez sans rien vraiment y prendre. Redescendez.
Merci Pauline de m’avoir préparé un sac d’affaire le soir même où cela c’est passé et de m’avoir prêté ta guitare pendant si longtemps. Je n’ai plus écrit après cet incident.
Imaginez-vous aller chercher votre frère à l’école et avoir tellement honte parce qu'au lieu de pleurer il vous prend dans ses bras.
Imaginez-vous apprendre que l’assurance n’aidera pas vos parents à tout payer, qu’ils vont perdre beaucoup d’argent et que vous ne pouvez rien y faire. Imaginez-vous débrancher toutes les lampes avant d’aller vous coucher, ne pas réussir à vous endormir et perdre le sommeil des nuits entières.
Imaginez-vous pleurer, souvent, parce que vous repensez à ce que vous avez perdu, ce que vos faites subir à toute votre famille ou juste parce que c’est trop dur.
Devoir retourner à l’école et raconter l’histoire à tous ces curieux, encore et encore. Dire que ce n’est pas si grave. Imaginez-vous vous rendre compte que finalement les gens ne sont pas vraiment là quand vous en avez besoin. Ceux qui vous avez fait tant de promesses et qu’ils préfèrent vous laisser de côté pour certaines raisons que vous ignorez encore mais que vous pensez être la faute de votre tristesse.
Imaginez-vous être relogé dans une maison qui ne ressemble en rien à la vôtre et savoir que vous ne pouvez pas vraiment vous y installer.
Devoir continuer à vivre alors que vos parents doivent tout faire par eux-mêmes parce que personne n’est là pour les aider.
Passer votre bac et faire de votre mieux. Apprendre que vous allez devoir quitter votre famille, votre petit copain (avec qui ça ne va déjà pas tout à fait bien) pour vous installer en région parisienne. Et bien sûr à l’époque vous détestez Paris. Vous avez peur de partir.
Imaginez vous réveiller un matin, et ça recommence appel manqué de votre mère. Votre grand-mère est décédée. Elle qui était de si bon conseil et dont la présence suffisait à vous faire sentir bien. Et on recommence, on se tire les cheveux, on ne veut pas y croire et on redemande « C’est une blague ? » mais ça ne l’est pas.
Merci à Baptiste et à sa grand-mère de m’avoir épaulé et réconforté ce jour-là.
Imaginez-vous découvrir votre mère accablée par la tristesse et c’est la pire chose au monde, vous pouvez me croire. Vous avez une famille unie et plus profond de votre cœur vous les remerciez. C’est le mois d’aout et vous partez en septembre, vous devez trouver un logement. Vous allez laisser derrière vous toutes ces personnes que vous aimez et qui souffrent encore. Vous le vivez comme une trahison et encore aujourd’hui, vous vous dîtes que vous auriez pu faire plus. Vous auriez dû être là. Mais vous êtes partis pour commencer une nouvelle vie, sans repère et seule. Vous avez peur.
Et à la fin de cette année 2015, vos faites le point. Je ne remercierai jamais assez les gens qui ont vraiment été là. Ceux qui ont été là quand j’ai versé des larmes – Je dis encore merci à Baptiste de m’avoir écouté pleurer, de m’avoir pris dans ses bras. Merci à son père de m’avoir accueilli -. Ceux qui m’ont donné tant de courage – Je dis encore merci à Pauline qui a toujours eu les bons mots-. Ceux qui m’ont fait arrêter d’y penser et qui m’ont tant fait rire – Je dis merci Céleste et Alexandre –. Ceux qui ont essayé mais n’y sont pas parvenus et qui surement s’en voulaient à me le faire payer. Et s’en veulent certainement encore – Je dis merci à mes amis de lycée-. Ceux qui ont été là au travers leurs messages sans avoir été curieux – Je dis merci à tous mes copains d’enfance, de la maternelle au collège-. Et je veux dire un merci spécial à Vilma qui m’a conçu un album photo de mes années lycée par lequel j’ai étais très touchée, Léa qui a organisé une quête pour m’aider à retrouver un peu de bonheur et Camille pour nous avoir aidé à nettoyer chaque recoins de cette maison de passage.
Merci à toutes ces personnes qui ont été là pour mes parents et ma famille, toutes ces personnes qui nous ont prêtés des meubles, qui ont lavé nos vêtements… Je dis merci à ma famille qui toujours été présente. Mes cousines Alizée et Florine qui m’ont partagé un peu de leurs affaires pour remplir mon placard. Mais surtout je dis merci à mes parents, d’avoir tout réparé, de nous avoir protégé et d’avoir été si fort. D’avoir eu la force de m’installer un petit cocoon pour que je m’y sente bien, d’avoir toujours été là dans les bons comme dans les mauvais moments et de m’avoir soutenue dans cette nouvelle aventure. Merci à mon petit frère, Tobias, d’avoir encaissé sans rien dire, de toujours m’avoir fait sourire et d’avoir gardé sa bonne humeur. Merci à ceux qui ont été là du début à la fin et qui le sont encore après tout.
Alors vous le faite, ce point et vous vous dîtes qu’aucune année ne pourra être pire, que vous avez assez donné. Et c’est vrai, 2016 a été bien meilleure.
Vous n’avez plus besoin de l’imaginez, je veux juste vous le dire.
J’ai rencontré de belles personnes qui ont réussi à me faire vraiment aimer la vie. Elles m’ont fait devenir si positives et m’ont donné espoir. Elles m’ont fait croire que la véritable amitié existe et m’ont fait comprendre qu’elles seraient là pour moi à chaque instant. Ce sont elles mes vrais copines ; Chloé, Lise, Justine, Nina et Lorraine. Lorraine, ce bonheur. J’ai cru avoir des meilleures copines auparavant mais cette fille ne m’a jamais fait de coups bas. Elle a toujours été là pour me soutenir dans chacun de mes projets même les plus fous et elle a toujours été fière de mes réussites. Pour moi, c’est bien pour ça que c’est la meilleure. Et puis, j’ai laissé une relation amoureuse qui me faisait souffrir et j’ai rencontré Pedro. Jamais personne ne m’a autant poussé à me lancer quand j’étais indécise. Personne ne m’a jamais autant rendu meilleure. Et personne ne m’a jamais fait sentir aussi bien. Je lui dois beaucoup de mes réussites. J’ai eu la chance de vivre avec ma grande copine, Nina, qui est si forte et si inspirante pour moi. C’est une force de la nature, je l’admire tellement. Elle m’a donné envie de réussir. Ce trio est pour moi, une bouffée d’air frais. On dit qu’on compte les vrais amis sur les doigts d’une main, c’est vrai.
Je n’ai pas toujours été cette fille positive que je suis aujourd’hui. J’ai toujours été un peu râleuse, mélancolique et parfois trop dramatique. Mais maintenant, je peux l’affirmer ; je suis cette meilleure version de moi-même. Et je sais que la roue a tourné. Hier soir quand minuit est arrivé, j’étais en train de danser et j’ai pensé. J’ai pensé à ma vie à Vitry-sur-Seine de 2016 à 2017 et tous ces bons souvenirs. J’ai pensé à ma vie à Paris de 2017 à 2018 et tous ces bons souvenirs. Et à ma vie à Oxford qui commence à peine mais déjà tous ces bons souvenirs. Et je me suis dit « Je l’ai tournée cette foutue page ». En fait, je crois que cette page qui était devenu un long chapitre (je vous le jure), je l’ai arrachée du livre. Je ne veux pas l’oublier, je ne veux pas le jeter parce que c’est grâce à lui, à cette année-là, aussi que je suis devenue cette fille que je suis maintenant. Cette fille qui sait dire « il y a des choses plus graves dans la vie » et qui le dit avec sincérité et qui prône « avancer, c’est gagner » en y croyant. La roue a tourné et c’est aujourd’hui que j’en prends vraiment conscience. Merci 2015. Au revoir 2015.
Écrire ce texte m’a fait verser des larmes parce que je dois encore dire une dernière chose. Je dois demander pardon à toutes ces personnes que j’ai pu faire souffrir inconsciemment ou consciemment durant cette année. Je demande pardon et je dis que j’ai pardonné à tous ceux qui m’ont blessé. Aujourd’hui, reste le passé où il est. Je dois dire que je comprends ces gens qui souffrent et que ma porte sera toujours ouverte pour les écouter. Je dois dire que la vie est belle à vivre malgré toutes les épreuves que vous allez devoir surmonter. Laissez-vous guider. Laissez-vous apprécier les petites choses. Laissez-vous respirer les beautés que la nature vous offre. Laissez-vous admirer vos proches, ceux qui vous aiment et que vous aimez en retour. Laissez-vous contempler vos qualités et chérissez vos défauts. Laissez-vous vivre. Vous êtes plus forts que vous ne le croyez. Vous pouvez changer. Vous pouvez devenir cette meilleure personne que vous savez être au fond de votre cœur. Je vous en conjure ne baissez jamais les bras, il y aura toujours quelqu’un pour vous tendre la main ; à vous de la saisir. Peut-être que ce n’est pas celle à laquelle vous pensez, peut-être que vous saisirez votre propre main. On apprend à aimer la vie quand on ne lui demande plus rien. J’ai appris à aimer la mienne quand j’ai compris que je pouvais me suffire à moi-même. Je l’ai aimé parce que j’ai donné de l’amour sans jamais rien attendre en retour. Et pourtant, je n’en jamais autant reçu ; de l’amour. Vivez.